Réflexions sans prétention,
suscitées par la lecture de la traduction
par Liou kia-hway du chapitre 56 du Tao Te King
L V I
Celui qui sait ne parle pas,
celui qui parle ne sait pas.
. Celui qui vit en accord avec le Tao et donc en a une connaissance profonde, intime, vécue, ne parle pas du Tao (sous-entendu : car il sait qu'en parler ne sert à rien, même s'il était capable d'en parler). Nous pourrions en tirer comme conclusion pour la pratique : (1)
Bloque ton ouverture,
. Yang Cheng fu fait référence aux cinq sens en les qualifiant, pendant la méditation assise, de cinq voleurs.
ferme ta porte,
émousse ton tranchant,
dénoue tout écheveau,
. Peut-être s'agit-il de la parole et des constructions mentales.
fusionne toutes lumières,
unifie toutes poussières,
. La lumières des deux yeux, le soleil et la lune, doit retourner dans la chambre jaune, le Coeur.
c'est là l'identité suprême.
. Le retour au Grand Un, Tai Yi, la pilule d'or de La Suprême Unité chez l'être humain.
Tu ne peux approcher du Tao
non plus que t'en éloigner ;
. La source étant en nous comme en toute chose et tout se générant à partir d'elle et tout retournant à elle ; on ne peut effectivement en être plus proche, ni s'en éloigner.
lui porter bénéfice
non plus que préjudice ;
. Le Tao ou Grand Tout contenant toute chose et étant à l'origine de toute transformation, c'est Lui ou Elle qui tend à émerger à travers nous en pleine conscience, en pleine lumière. Nous sommes une des manifestations du Tao, nous sommes le Tao. Le pouvoir de bénéfice ou de préjudice ne nous appartient pas, de plus le Tao étant "un tout" tout se passe à l'intérieur de lui, donc pas de bénéfice ou préjudice possible.
lui conférer honneur
non plus que déshonneur.
. Le Tao n'a pas d'état d'âme, peu lui importe honneur ou déshonneur. Comme dit Tchouang Tseu "le sage suprême n'a pas de Moi", à fortiori le Tao.
C'est pourquoi il est en
si haute estime dans le monde.
p. 140-141
1. conclusion pour la pratique : L'art doit s'enseigner par mimétisme ; alors l'état intérieur passe de l'enseignant à l'élève.
Le mimétisme se propage donc à l'état intérieur et c'est la seule façon de le transmettre, car c'est quelque chose qui ne s'enseigne pas.
Une question se pose : doit-on enseigner à un élève qui n'est pas capable d'étudier par mimétisme ?
La réponse est évidente.
Une exception demeure : l'élève qui a la volonté d'apprendre, qui est déterminé. A ce moment là on peut lui enseigner la technique, le geste, la façon de générer le mouvement mécaniquement. Ceci, car on pressent chez lui une aptitude à travailler plus tard par mimétisme.
Et parce qu'on sent chez lui une capacité à s'ouvrir à la Voie.
Mais la Voie ne s'enseigne pas, on peut tout au plus conseiller des lectures (c'est un domaine où on ne peut pas connaître ce qu'on n'a pas vécu).
les deux versions . liste des chapitres . chapitres par thème . chap. 1 . chap. 9 . chap. 21 . chap. 56
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