Notes diverses sur le clan Nabeshima
Le clan Nabeshima rendu célèbre par l'Hagakuré de Tsunetomo Yamamoto, est également mis en avant dans un écrit du moine Zen de l'école Rinzaï : Hakuin.
. La "Réponse à un proche suivant du seigneur Nabeshima (Naotsune), de la Province Sesshu, sur la pratique de l'introspection (Extraits d'Oraté Gama) est un des textes les plus populaires de l'œuvre d'Hakuin.
Dans ce texte Hakuin discourt en termes pratiques de la conservation de la santé par la méthode naikan et souligne l'importance de maintenir l'esprit "méditatif" pas seulement au cours de la méditation assise (le zazen), mais aussi au cours des activités (quotidiennes) de la vie courante.
Hakuin enseigne que grâce au maintien de l'attention au cours de l'action, connue sous le nom de dochu no kufu, les laïcs pratiquants peuvent s'acquitter de leurs responsabilités sociales dans la vie courante et atteindre la profondeur du zen comme les moines zen dans leur vie monacale, mais sans abandonner leur vie de famille.
Pour une meilleure compréhension des pratiques de naikan, la lecture d'un autre texte de Hakuin le Yasen kanna jo s'avère utile.
. Nabeshima Naotsune (1702-1749) fût le quatrième Daimyo (Seigneur féodal Japonais) au milieu de l'époque Edo, à gouverner (de1717 à 1749) le fief Hasunoike dans la Province Hizen (de nos jours Préfecture de Saga).
. Le Fief Hasunoike était un "han" ou fief féodal, à l'époque Edo, un sous-fief du Fief de Saga sur l'île de Kyushu.
L'origine du fief n'est pas clairement connu, généralement on la situe au moment où le premier daimyo de Saga, Nabeshima Katsushige, a donné une partie de son territoire, d'une valeur de 52.000 koku, à son troisième fils Nabeshima Naozumi.
Bien qu'à l'origine le domaine fût régi comme San-no-maru du château de Saga, il est rapidement devenu une structure séparée, district Hasunoike de la ville de Saga. Hasunoike avait les mêmes responsabilités sankin kotaï que le fief d'Ogi, un autre sous-fief de Saga.
Quand les fiefs ont été abolis en 1871, Hasunoike (à l'origine) est devenu "préfecture de Hasunoike". Au cours des premieres années, les préfectures du Japon ont été réorganisées un certain nombre de fois, et le territoire du fief fut répartie entre les préfectures d'Imari, de Nagasaki, et de Mizuma avant qu'elle devienne finalement une partie de l'actuelle préfecture de Saga, une fois que les frontières stables furent finalement établies. Les membres du Clan Nabeshima qui avait gouverné Hasunoike deviennent des "vicomtes" (shishaku) sous le nouveau système de pairie kazoku établi en 1884.
(Pairie : Fief, domaine auquel la dignité (titre) de pair était attachée.)
Les seigneurs de Hasunoike :
1e - Nabeshima Naozumi
2e - Nabeshima Naoyuki
3e - Nabeshima Naonori
4e - Nabeshima Naotsune
5e - Nabeshima Naooki
6e - Nabeshima Naohiro
7e - Nabeshima Naoharu
8e - Nabeshima Naotomo
9e - Nabeshima Naotada
. Hizen est une ancienne province du Japon.
Les terres de la province sont aujourd'hui partagées entre les préfectures de Saga et de Nagasaki. L'ancienne capitale provinciale était située près de la ville actuelle de Yamato.
C'est dans cette province que s'est produite la rébellion de Shimabara. Pendant la période Sengoku, la province était divisée en de nombreux fiefs possédés par des daimyos, le plus riche de ces daimyos possédait un château dans la ville de Saga.
La province de Hizen a été contrôlée par le clan Shoni jusqu'aux alentours de 1560, où le clan perdit le pouvoir au profit du clan Ryuzoji.
Pendant la période Edo, c'est le clan Nabeshima qui dominait la province.
Anciennes provinces du Japon :
Aki, Awa (Kanto), Awa (Shikoku), Awaji,
Bingo, Bitchu, Bizen, Bungo, Buzen,
Chikugo, Chikuzen, Chishima,
Dewa,
Echigo, Echizen, Etchu,
Harima, Hida, Higo, Hitachi, Hidaka, Hizen, Hoki, Hyuga,
Iburi, Iga, Iki, Inaba, Ise, Ishikari, Iwami, Iyo, Izu, Izumi, Izumo,
Kaga, Kai, Kawachi, Kazusa, Kii, Kitami, Kozuke, Kushiro,
Mikawa, Mimasaka, Mino, Musashi, Mutsu,
Nagato, Nemuro, Noto,
Oki, Omi, Oshima, Osumi, Owari,
Sado, Sagami, Sanuki, Satsuma, Settsu (Sesshu), Shima, Shimosa, Shimotsuke, Shinano, Shiribeshi, Suo, Suruga,
Tajima, Tamba, Tango, Teshio, Tokachi, Tosa, Totomi, Tsushima,
Wakasa,
Yamashiro, Yamato.
. Les principaux Daimyo des clans Ryûzôji et Nabeshima :
" Ryûzôji Iekane (1454-1546) qui consolida le pouvoir de la famille Ryûzôji sur le fief de Saga. Plus connu pour ses nombreuses victoires sur les champs de bataille, il se singularisa en tant que seigneur de guerre par son extrème piété. Lorsqu'il entra sous les ordres, il prit le nom de Gôchû. Reconnu pour sa valeur guerrière et sa compassion.
Seigneur Riso, nom posthume de Nabeshima Kiyohisa (1468-1552) qui servit Ryûzôji Iekane. Il s'agit du grand-père de Nabeshima Naoshige, celui-là même qui s'empara du pouvoir sur le fief de Saga, jusqu'alors aux mains de la famille Ryûzôji. Reconnu pour ses bonnes actions et sa foi profonde.
Ryûzôji Takanobu (1529-1584) qui soumit tout le pays d'Hizen et attaqua les provinces voisines, faisant de son fief l'un des trois plus puissants de l'île de Kyûshû. Sa mère se remaria plus tard avec le père de Nabeshima Naoshige, Takanobu et Naoshige devenant ainsi frère par alliance.
Nippo, nom posthume de Nabeshima Naoshige (1538-1618), un général du fief Ryûzôji qui devint plus tard le véritable chef du fief après la mort de Ryûzôji Takanobu. En 1601, il fut officiellement reconnu seigneur de Saga. Dans le fief de Saga, il lui est fait référence comme au fondateur du fief, tandis que son fils Nabeshima Katsushige fut considéré comme le premier seigneur du fief Nabeshima.
Nabeshima Naoshige, fondateur du fief Nabeshima
Nabeshima Katsushige, 1er seigneur
Nabeshima Mishushige, 2e seigneur
Nabeshima Tsunashige, 3e seigneur
Les fils de Nabeshima Katsushige, 1er seigneur du fief, se virent attribuer :
- Ogi en 1617, Motoshige,
- Hasuike en 1639, Naosumi,
- Kashima en 1642, Naotomo. "
. Le fondateur du fief Nabeshima : Nabeshima Naoshige
Nabeshima Naoshige (1537-1619) était un général du clan de Ryûzûji pendant la période du Sengoku (Les Provinces en Guerre) au 16ème siècle. Naoshige était le fils de Nabeshima Kiyosada et a été surnommé Nobumasa dans toute la moitié de sa carrière sous les Ryûzûji. Naoshige s'est affirmé comme étant l'un des plus grands généraux sous Ryûzûji Takanobu. Durant l'année 1570 Naoshige a assisté Takanobu lors du siège du château de Saga, quand celui-ci était encerclé par une armée 60.000 hommes du clan Otomo. Cependant, Naoshige n'avait seulement que 5.000 hommes de troupes, aussi il a suggéré de faire une incursion de nuit sur le camp ennemis, ce qui les a conduit au succès. Durant l'année de 1575 il a attaqué le château de Suko dans l'ouest de la province Hizen et a forcé son commandant, Hirai Tsuneharu, à se donner la mort par seppuku.
En 1584 durant la bataille d'Okitanawaté (où le clan Ryûzûji fût mis en déroute), Nabeshima Naoshige était le général en chef du seigneur de Hizen, Takanobu et ce jusqu'à ce que ce dernier soit tué dans la bataille par les forces du puissant clan Shimazu. Après la mort de son seigneur, Nabeshima est devenu le véritable chef du fief des Ryûzûji incluant le château de Saga et combatit de nouveau les Shimazu en 1587. Seigneur de la guerre de l'ère Sengoku, Nabeshima s'est distingué dans les batailles en tuant des centaines d'hommes.
Naoshige a suivi Toyotomi Hideyoshi en Corée à la tête de plus de 12.000 hommes dans la 1ère campagne coréenne où il a lié amitié avec Kato Kiyomasa et à son retour à Hizen, Tokugawa Ieyasu.
Durant la bataille de Sekigahara pendant l'année 1600 Naoshige a sagement rappelé son fils, Nabeshima Katsushige qui participait avec les opposants à Tokugawa à l'attaque du château Fushimi et du château An'nozu sur l'île de Kyûshû et l'a envoyé en aide à Tokugawa Ieyasu sauvant ainsi son clan du désastre (Katsushige n'ayant pas participé à l'action principale sur Sekigahara). Après la victoire de Tokugawa, Ieyasu a laissé intact leur fief de 357.000 koku. A la mort de Naoshige sa famille était devenue célèbre.
(Un koku est une unité du Japon médiéval qui servait a définir la richesse d'un fief. Elle représente la quantité de riz mangée par un japonais en un an ; 180,39 litres de riz.
On utilisait le koku comme unité de mesure de volume (par exemple pour la quantité de marchandises qu'un bateau pouvait emporter))
Les historiens décrivent Nabeshima come "un homme d'une intelligence rapide" qui a sauvé son domaine de l'invasion plusieurs fois. Ses actions et ses dires sont immortalisées dans le troisième chapitre de l'Hagakure par son auteur Tsunetomo Yamamoto, un fidèle samouraï du petit-fils de Nabeshima Naoshige, Mitsushige.
. Nabeshima Katsushige (4 Décembre 1580 - 7 Mai 1657) était un daimyo du début de la période Edo. Fils de Nabeshima Naoshige, il devint seigneur du fief de Saga.
Katsushige est né à Saga, quand Naoshige était un général du clan Ryuzoji. Pendant un certain temps il fut le fils adoptif d'Egami Ietane, le 2ème fils de Ryuzoji Takanobu ; mais retournera plus tard dans sa famille natale.
Il seconda son père sur les champs de bataille, sur l'île de kyûshû mais aussi en corée, notamment en 1597 à Ulsan.
Il devient daimyo de Saga en 1607 et régna jusqu'en 1657.
. La porcelaine de Nabeshima
(récupérée de http://fr.wikipedia.org/wiki/Nabeshima)
Nabeshima est un puissant clan seigneurial installé depuis le XVIe siècle sur l'île de Kyushu, au sud du Japon. C'est également un style artistique lié à la porcelaine.
Historique :
Le daimyô (titre de noblesse) Nabeshima Naoshige (1538-1618) s'engage dans les guerres de Corée et en profite pour faire prisonniers bon nombre de potiers réputés pour leur savoir-faire. Il les installe alors sur son fief d'Hizen, à Arita, village bercé par le travail ancestral de la céramique.
Ainsi, cette famille se trouve rapidement à la tête d'une puissante industrie dont les productions finiront par alimenter les marchés européens (voir l'article : Porcelaine d'Imari). Les descendants de Nabeshima Naoshige entretinrent, sur plus de deux siècles, cette tradition de la céramique qu'ils allaient porter à son plus haut niveau, notamment grâce au four situé non loin d'Arita, à Okawachiyama, et considéré à juste titre comme le plus important de la contrée. Ce site, sous haute surveillance, allait produire une porcelaine d'une rare qualité : pâte exceptionnelle, perfection de l'émaillage, conception hors du commun des décors. Cette porcelaine dite de Nabeshima est un style à elle seule : « elle vous regarde et n'attend que le dialogue ».
La porcelaine :
Plat Nabeshima "aux Trois Hérons" (voir photo KCM)
Ce plat mythique de la fin du XVIIe siècle est classé bien culturel important et "propriété" du Kyûshû Ceramic Museum (KCM), à Arita.
En partie basse, comme sur un nuage, trois hérons observent alentours. L'observateur ne peut s'empêcher de regarder vers la partie haute, l'arrière-plan, vide.
Le « plein du vide », pour reprendre le titre d'une œuvre musicale célèbre de Xu Yi, voilà ce qui est orchestré sur ce plat, par le talent d'un peintre-émailleur d'Okawachi.
L'opposition entre ces deux espaces, crée la distance nécessaire (le mâ) pour faire émerger le sens de cette composition dans une complémentarité comme le yin et le yáng.
Le regard énigmatique de ces "oiseaux-personnages" qui ne font qu'un, prend sa source et sa puissance dans le "vide" laissé par l'artiste. Les différentes postures détournent l'observateur vers le vide qui le ramène au regard de ce volatile plein de dignité et de majesté, en lui donnant toute sa puissance symbolique.
La porcelaine de Nabeshima interroge celui qui la regarde. Elle est à la fois hors du temps et dans le temps, d'où la présence quasi-vivante de sa représentation. Dans son isolement, ce héron domine un espace sans limite ; il devient alors symbole de longévité, d'éternité à l'instar du Fuji Yama, et son cri s'apparente à un véritable appel.
Les productions, comptées, de porcelaine de style Nabeshima, se classent en deux grandes catégories : les "bleu et blanc" comme ce plat, avec un décor positionné sous la glaçure, et les représentations polychromes qui ont bénéficié d'une cuisson supplémentaire afin de fixer d'autres couleurs, sur la glaçure cette fois.
Bibliographie :
- La porcelaine japonaise, Christine Shimizu, éditions Massin, Paris 2002
- Imari, histoire d'un style, faïences et porcelaines du Japon, de Chine et d'Europe, Georges Le Gars, éditions Massin, Paris 2004
- Portail du Japon
Les sources du texte ci-dessus sont principalement :
HAGAKURE, Ecrits sur la Voie du samouraï, par Yamamoto Tsunetomo, Budo Editions.
TCH'AN - ZEN, Racines et floraisons, Collection Hermès Tome 4, Editions des Deux Océans.
LE BOUDDHISME, Textes traduits et présentés sous la direction de Lilian Silburn, chez Fayard.
LES MAITRES DU ZEN AU JAPON, par Masumi Shibata, chez Maisonneuve et Larose, 1969. |