L’INTERNE & L’EXTERNE
les deux frères ennemis

Textes sélectionnés
par Le Petit Cartésien


... “...Les techniques de combat à main nue ont été classées en deux écoles : l'école exotérique (waijia) et l'école ésotérique (neijia). C'est dans cette dernière que l'on classe généralement le Taiji quan, ...la « Boxe du corps et de la pensée » (xingyi quan) et la « Boxe des huit trigrammes » (bagua quan). Ces deux écoles sont rattachées à deux centres religieux célèbres de Chine : le temple Shaolin (1), grand centre du bouddhisme chan (Zen) et le mont Wudang (2), centre taoïste très florissant à partir de la dynastie des Song. Les maîtres parlent donc indifféremment d'école exotérique et école ésotérique ou bien de courant Shaolin et courant Wudang.

... 1. L 'ÉCOLE EXOTÉRIQUE

... Cette catégorie comprend la plupart des techniques de combat assez violentes, du genre de ce qu'on appelle en France le gongfu. Mais la plus prestigieuse d'entre elles reste la Boxe du Shaolin (Shaolin quan).
... Le temple Shaolin est situé dans le nord-ouest de la province du Henan ...(édifié en 495). Ce temple, point de départ du bouddhisme chan en Chine, doit aussi sa célébrité à une solide réputation de centre d'arts martiaux.
... Les différents écrits historiques du bouddhisme présentent Bodhidharma (3) comme l'introducteur du bouddhisme chan en Chine et comme le premier patriarche de cette école dans l'empire du Milieu. On raconte qu'il aurait séjourné au temple Shaolin et y serait resté neuf ans assis en méditation face à un mur... (arrivé en Chine vers 479)... le nom de Bodhidharma fut par la suite définitivement lié à celui du temple Shaolin et on lui attribua la création d'une technique de combat. Il est ainsi courant en Chine que l'on attribue à un personnage célèbre la création d'une technique afin de lui donner du prestige.
... Dans le milieu contemporain des arts martiaux, on attribue également à Bodbidharma deux traités de techniques corporelles : le Traité d'assouplissement des muscles (Yi jin jing) et le Traité du lavage de la moelle épinière (Xi sui jing)...
... Si l'on ne peut considérer Bodhidharma comme l'initiateur du Shaolin quan, et de fait aucune de ses biographies ne le mentionne comme l'introducteur d'une technique de combat ou de techniques corporelles, du moins ne peut-on écarter l'hypothèse d'une influence des techniques corporelles indiennes et de l'introduction de celles-ci au temple Shaolin, soit au temps de Bodhidharma, soit plus tardivement. En effet, nous savons que des techniques corporelles indiennes ont été introduites en Chine ; le chapitre bibliographique de l'Histoire des Sui comporte les titres de plusieurs de ces ouvrages qui semblent perdus.
... Le rôle du temple Shaolin en tant que centre d'arts martiaux est déjà attesté vers la fin de la dynastie des Sui (589-618)...
... A l'heure actuelle, le Shaolin quan se compose essentiellement de cinq exercices : la technique de combat du dragon (long quan), la technique du tigre (hu quan), la technique de la panthère (boo quan), la technique du serpent (she quan) et la technique de la grue (he quan) (7). ”
...
... (7) Certains Chinois rapprochent ces techniques du « Jeu des cinq animaux » (wu qin xi) technique corporelle attribuée au célèbre médecin Hua To de l’époque des Trois Royaumes (222-264), destinée à écarter les maladies et prolonger la vie. Toutefois, les cinq animaux sont différents.

... note : Il faut distinguer au moins deux formes d’externe : l’externe souple et l’externe dur. Page 26 du même ouvrage nous pouvons lire “Yang Luchan (1789-1872) retourna... dans son village natal. La technique de combat qui y était alors pratiquée s'appelait « technique des transformations » (hua quan) ou « art de combat souple » (fuan quan) ou encore « technique de combat liée » (zhan mian Quan), car elle était exécutée en souplesse et avec des mouvements liés sans interruption.” Il s’agissait probablement de l’externe souple puisque les arts martiaux internes n’étaient pas encore connus dans son village.

... 2. L'ÉCOLE ÉSOTÉRIQUE

... “ Le mont Wudang est situé dans la province du Hubei (nord-ouest)...
Au mont Wudang est étroitement associée la personnalité du taoïste Zhang Sanfeng (9), qui aurait vécu sous les Song du Sud (1127-1279) ou plus tard...(page 16)

... (début de la page 19) ... Été comme hiver, il portait un simple vêtement. » Il était très versé dans l'alchimie intérieure, et plusieurs ouvrages apocryphes sur cette dernière discipline, datant de la fin du XIXe siècle, lui sont attribués (14).
... Plusieurs facteurs peuvent expliquer le choix de Zhang Sanfeng comme créateur du Taiji quan. Le premier est celui que nous avons exposé ci-dessus, à savoir l'habitude chinoise d'attribuer à un personnage éminent, dont la biographie est écrite sur le modèle type des sages taoïstes mais aussi des sages de l'antiquité, une invention. Le deuxième facteur est le lien intime entre Zhang Sanfeng et le mont Wudang, lieu de pèlerinage consacré à Zhenwu le « Guerrier véritable » et centre de développement des rituels militaires. Enfin, l'on a probablement voulu opposer un saint taoïste à l'éminent moine bouddhiste Bodhidharma à qui est attribuée la création des techniques de combat Shaolin. Certains des maîtres de Taiji quan que nous avons rencontrés dénient même la paternité du Taiji quan à Zhang Sanfeng, considérant qu'il a seulement modifié le Shaolin quan (15). Selon cette hypothèse, alors que Zhang Sanfeng se rendait dans le Sichuan, il se serait arrêté en chemin au temple Shaolin de la province du Henan pour y apprendre les techniques de combat et n'aurait étudié le taoïsme qu'ultérieurement, par l'intermédiaire des arts martiaux. S'étant rendu compte que les moines de Shaolin faisaient un emploi excessif de la force musculaire, entraînant ainsi une déperdition d'énergie originelle, il aurait cherché un moyen de pallier cet inconvénient et aurait ainsi créé le Taiji quan (dont les principes, comme nous le verrons, sont orientés vers une conservation de l'énergie). Les défenseurs de cette théorie se fondent sur la similitude de quelques mouvements du Taiji quan et du Shaolin quan. Mais l'on peut penser aussi que ces deux techniques ont fait des emprunts au fonds commun des techniques de combat millénaires en Chine.

... 3. DISTINCTION ÉCOLE EXOTERIQUE - ÉCOLE ÉSOTÉRIQUE

Cette distinction est déjà attestée dans « L'épitaphe à Wang Zhengnan » écrite au XVIIe siècle par Huang Lizhou (16) : « Shaolin est célèbre dans tout l'empire pour la bravoure de ses gens grâce à leur technique de combat qui consiste principalement à lutter avec l'adversaire ; c'est pourquoi ce dernier peut parfois l'emporter . Mais il existe aussi une école dite école ésotérique, qui a pour principe de neutraliser la force dynamique par le pouvoir de la tranquillité. Dans la lutte, ils jettent immédiatement à terre leur adversaire. En opposition à cette école, qui commence probablement à partir de Zhang Sanfeng de la dynastie des Song, l'école Shaolin a été appelée école exotérique. »
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... (14) Zhang Sanfeng dadao zhiyao et Zhang Sanfeng taiji liandan mijue.
... (15) Thèse rapportée dans Zhang Sanfeng he tade Taiji quan de Li Ying-ang.
... (16) Dans Huang Lizhou wenji de Huang Zongxi (1610-1695), éd. Pékin 1959, p. 145.

... D'après la majorité des maîtres de Taiji quan, la distinction entre ces deux écoles correspondrait à celle entre « travail intérieur » (neigong) et « travail extérieur » (waigong), distinction apparue dans plusieurs ouvrages sur les exercices de longévité à partir de la dynastie des Ming (1368-1644). Ainsi, les techniques de l'école ésotérique insisteraient davantage sur le travail intérieur consistant à exercer le souffle, tandis que les techniques de l'école exotérique s'appuieraient plutôt sur l'effort musculaire. Cette explication reste toutefois insuffisante, si ce n'est inexacte, dans la mesure où le travail intérieur n'est pas totalement négligé dans les techniques de l'école exotérique.
... Une autre hypothèse avancée est que « école ésotérique » (neijia) désignerait ceux qui restent dans leur famille, c'est-à-dire les taoïstes qui pour la plupart pouvaient fonder une famille et n'étaient pas obligés de mener une vie érémitique, par opposition à « école exotérique » (waijia), ceux qui sortent de leur famille, expression désignant les moines allant vivre dans les monastères bouddhiques. Autrement dit, l'école ésotérique correspondrait au courant taoïste, et l'école exotérique au courant bouddhique.
... Enfin Li Ying-ang, auteur contemporain de plusieurs ouvrages sur le Taiji quan (17), donne une autre interprétation de cette distinction non pas entre école ésotérique et école exotérique, mais entre courant Wudang et courant Shaolin. Selon lui, l'expression « courant Wudang » aurait été forgée sous les Qing et répandue par les milieux du Palais Impérial, où le Taiji quan a été enseigné. L'impératrice Ci Xi y fut elle-même initiée, et ranima et soutint les milices locales par trois édits (du 5-11 1898, 31-12 1898 et 17-03 1899). En établissant cette distinction, les milieux impériaux auraient cherché à dresser le courant Wudang contre le courant Shaolin, qui participait à maintes activités subversives contre le pouvoir des Qing et représentait un danger réel, alors que, comme nous le verrons, les adeptes du Taiji quan ont effectivement participé à la répression de rébellions locales. ”
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... (17) Dans Zhang Sanfeng he tade Taiji quan de Li Ying-ang.

Taiji quan : art martial, technique de longue vie - Catherine Despeux
pages 13 à 21


... TECHNIQUES PSYCHOPHYSIOLOGIQUES

... “ Les maîtres de Taiji quan décrivent les exercices psychophysiologiques en faisant largement usage du vocabulaire taoïste et notamment de celui de « l'alchimie intérieure » (neidan). Sur le plan de la méthode, les écoles tardives d'alchimie intérieure divisent le travail en trois étapes effectuées successivement dans chacun des trois champs de cinabre : le bas-ventre, le milieu de la poitrine, le centre de la tête. Dans le champ de cinabre inférieur, l'essence (jing) est raffinée et transformée en souffle (qi), dans le champ de cinabre médian, le souffle est raffiné et transformé en énergie spirituelle (shen) et dans le champ de cinabre supérieur, l'énergie spirituelle est raffinée et réintégrée à la vacuité.
... L'essence, c'est à la fois le semen et l'énergie issue de la digestion : elle désignerait certains liquides du corps. Le souffle (qi), c'est le souffle de la respiration et l'énergie qui circule à l'intérieur, dans les méridiens et dans tout le corps. Les Chinois l'ont conçu comme de la vapeur qui emplit tous les interstices, d'où la possibilité du passage de l'essence (liquide) au souffle (vapeur). L'énergie spirituelle a pour qualités essentielles la chaleur et la lumière.
... Lors de la première étape de l'alchimie intérieure, il convient d'avoir une nourriture appropriée et d'éviter la déperdition d'énergie sexuelle (jing). L'essence s'accumule peu à peu dans le bas-ventre et est conduite vers le haut par le « canal de contrôle » (dumai) situé le long de la colonne vertébrale et qui va du coccyx au sommet de la tête. Cette essence monte, elle est du Yang qui croit et atteint son apogée au sommet de la tête. Là, l'essence redescend par le « canal de fonction » (renmai) qui passe au milieu de la partie antérieure du corps. Il convient de réunir par divers procèdés les deux extrémités supérieures et inférieures de ces canaux, afin de former un circuit clos avec croissance et décroissance du Yin et du Yang selon un rythme calqué sur ceux de l'univers, le jour et la nuit, les saisons, les phases de la lune etc. Le corps devient alors un univers clos, tel l'athanor de nos alchimistes hermétiquement fermé. Cette révolution répétée transforme l'essence en souffle et dans le ventre se forme le « cinabre » comparé à une goutte de rosée, une perle formée de souffle Yin et Yang, qui va se transformer en embryon dans la deuxième étape.
... Cette deuxième étape s'effectue donc dans le champ de cinabre médian, où la perle de lumière devient un embryon de souffle entretenu pendant dix mois symboliques, afin de la transformer en énergie spirituelle, dont les qualités principales sont la chaleur et la lumière. La révolution de l'essence et du souffle dans les deux canaux de contrôle et de fonction continue, mais sans être aidée par des exercices de visualisation et de respiration comme au court de la première étape.
... Dans la troisième étape, « l'enfant-énergie spirituelle » naît, c'est-à-dire qu'il se trouve dans la tête et de la sort du corps et y entre par la fontanelle, suivant la volonté de l'adepte. Cet enfant de lumière, modèle réduit de l'adepte, est finalement entretenu par des moyens spirituels pour être intègré à la vacuité.
... Telles sont, décrites de façon très succincte et essentiellement d'après le modèle de l'école Wu Liu, les trois étapes de l'alchimie intérieure. De ces trois étapes, c'est la première qui concerne le plus directement le pratiquant du Taiji quan ; en effet, la circulation en anneau de l'essence et du souffle dans les deux canaux effectuée lors de la première étape est nécessaire pour travailler et développer l'énergie intérieure utilisée dans le combat. Par ailleurs, tout en imitant ce modèle, le Taiji quan s'en détache parfois.

... 1) Première étape dans le Taiji quan

... Divers processus mentaux vont être utilisés afin de provoquer des effets physiologiques bien définis. Là encore, c'est le yi, la pensée créatrice qui va jouer un rôle déterminant.
... Cette première étape débute donc dans le champ de cinabre inférieur dont l'énergie sera stimulée par divers moyens. Nous avons déjà vu que la respiration était essentiellement abdominale et fait donc travailler cette partie du corps.
... Une des méthodes les plus utilisées est la production d'un mouvement tournant à l'intérieur de ce champ de cinabre. Ce mouvement débute vers la droite pour les hommes, vers la gauche pour les femmes. C'est à l'aide de la pensée créatrice (yi) que l'adepte fait tourner le souffle dans le champ de cinabre trente-six fois, puis le fait revenir au centre en décrivant vingt-quatre spires de plus en plus petites. Dans l'école Chen de Taiji quan, le même exercice est souvent accompagne de la récitation mentale à chaque respiration des quatre caractères He, Xi, Xu, Chui (voir note 5).
... Une variante de cet exercice, appelée « respiration des huit trigrammes » (bagua huxi), nous a été expliquée à Taiwan par un adepte de l'école Yang et taoïste de l'école Wu Liu, Liu Peizhong. On se représente en pensée les huit trigrammes disposés en cercle... (fin de la page 64)

... (début de la page 73) ... moiteur dans les pieds et les mains... Ainsi tout le corps transpire, et on sait par cela que l'exercice est efficace. »
... D'après Liu Peizhong, la chaleur apparaît dans tout le corps si le point Yinqiao est relie au coeur ; elle permet la transformation du souffle en souffle véritable et favorise sa circulation dans tout le corps. Au bout d'un certain temps, la transpiration disparaît et est remplacée par des tremblements : le mouvement imaginaire du souffle guidé par la pensée a créé un mouvement réel.
... Ces pratiques du souffle font naître un grand calme de l'esprit. Chen Pinsan écrit (Taiji quan tushuo, p. 139.) : « Le souffle véritable circule à partir des pieds comme une roue dans les canaux de contrôle et de fonction, les membres ont la stabilité des montagnes, les pensées ne naissent plus, le mécanisme céleste se meut de lui-même. »

... 2) Deuxième étape : fonte du souffle en énergie spirituelle

... L'énergie, c'est-à-dire le souffle étant en quantité suffisante, va pouvoir être raffinée en énergie spirituelle. Cela correspond à un raffinement de cette force intérieure, dans une direction que l'on pourrait qualifier de psychologique. En effet, l'effort n'est plus dirigé sur le mouvement, ni sur le souffle, mais sur la pensée créatrice, le yi. Ce terme comporte l'idée de volition, d'intention. Les maîtres de boxe définissent le yi de la manière suivante : « le yi est l'intention de mon cœur » (Chenjia taiji quan de Shen Jiazhen, p. 157.) ou encore: « ce qui est émis par le cœur s'appelle yi » (Taiji quan tushuo, p. 158.). La distinction entre le yi (pensée) et le cœur (xin) n'est pas toujours nette dans les textes sur le Taiji quan, l'un ou l'autre terme étant employé dans un même contexte. Par exemple, on trouve aussi bien « mouvoir les mains avec le cœur » ou « mouvoir les mains par la pensée ».
... Dans le Taiji quan, tout mouvement part du creur et est dirigé par la pensée créatrice : « La pensée et le souffle sont les souverains, les os et les muscles les ministres », lit-on dans un texte. La pensée créatrice sert de lien entre le corps et l'esprit. Cette notion fondamentale dans la pensée chinoise est d'ailleurs qualifiée en alchimie intérieure « d'entremetteuse » (mei) (104).
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... (104) Yuqing jinsi qinghua miwen jinbao neilian danjue, j. shang, p. 8 b : « La pensée joue le rôle d'entremetteuse. Dans la voie alchimique, du début à la fin, on ne peut se passer de son utilisation. La pensée naît du cœur. »

... La pensée créatrice est à la fois une intention précise et une représentation, une image formée dans le cœur. Le premier dictionnaire étymologique chinois (Ier siècle), le Shuowen, la définit comme « le discours du coeur » (xinsheng). Nous avons vu dans les exercices de circulation du souffle qu'elle est capable de provoquer des transformations physiologiques et psychologiques et a donc un rôle créateur (105), rôle qui est déjà mentionné dans un classique du taoïsme du IIe siècle, le Liezi, où il est dit : « Les dix mille transformations ne sont présidées que par la pensée créatrice » (Ch. Tangwen, juan 5.). C'est donc l'affinement de la pensée, tant dans le combat que dans la pratique individuelle, qui caractérise cette étape dans le Taiji quan.
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... (105) Dans les textes taoïstes, on emploie souvent le terme de « pensée » (yi) en corrélation avec celui « d'énergie spirituelle » (shen). D'après le Xianxue cidian, le shen est la substance, le yi est la fonction. Le shen correspond au non-agir, tandis que le yi gouverne l'action. Dès qu'il y a action, il y a emploi du yi, qui est localisé dans la rate, ou plutôt est mis en rapport avec la rate. Dans le Xianfo hezong yulu de Wu Chongxu, il est dit : « Le shen originel est immobile, il est la substance ; le yi véritable régit, il est la fonction. Mais le shen originel et le yi véritable sont fondamentalement une seule et même chose. »

... 3) Troisième étape : fonte de l'énergie spirituelle et retour à la vacuité

... Lorsqu'il y a coïncidence de plus en plus parfaite entre l'exécution d'un mouvement, et l'émission par le coeur de sa représentation mentale, lorsque le corps répond instantanément à la pensée émise, il y a automatisme du mouvement et passage dans 1'inconscient. L'effort conscient n'est plus nécessaire pour exécuter le mouvement ni pour émettre la pensée déterminée correspondant à ce mouvement. La « parole du cœur » (yi) s'écoule d'elle-même. Arrivé à ce stade, l'adepte n'est plus troublé par l'extérieur, son énergie spirituelle est concentrée. I1 n'a plus la volonté de se mouvoir selon un schème défini, mais répond instantanément et spontanément aux différentes circonstances, les mouvements exécutés n'étant plus forcément ceux du Taiji quan. L'adepte perd conscience de son moi et de son corps (107), mais il est encore conscient, à la différence des états de transe. I1 est dans un état dépassant la dualité conscience - non conscience, car l'union des contraires est accomplie : intérieur et extérieur, mouvement et repos, moi et l'autre. C'est l'union au Dao et à la vacuité. Chen Pinsan écrit : « Je ne sais plus que ce corps est moi, ni que je suis ce corps » (Taiji quan tushuo, p. 139.).
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... (107) « L 'oubli du corps » (xing wang) joue un rôle fondamental dans le taoïsme et dans la pensée de Zhuangzi, qui utilise ce terme à plusieurs reprises et illustre cet état par des anecdotes diverses.

... I1 incarne donc l'idéal du saint prôné par les Taoïstes, dont le plus célèbre d’entre eux, Zhuangzi : « Le sage suprême n'a pas de moi » (Zhuangzi, j. 14 et j. 54).
... Lorsqu'à l'intérieur aucune pensée ne s'élève et qu'à l'extérieur rien ne fait obstruction, l'énergie d'un individu n'a plus de limites, elle est une avec les forces de l'univers dont elle suit les lois : c'est l’accomplissement du Taiji. Dans ce cas, le pratiquant n'exécute plus de lui-même les mouvements, il laisse le Dao agir à travers lui. Dans cet état, il n'est plus sujet à des pensées désordonnées qui l’assaillent de toutes parts, ses tensions ont disparu et font place au calme et à la sérénité. C'est la un effet similaire à celui de la méditation.
... Plusieurs maîtres de Taiji quan ont établi une relation de complémentarité entre le Taiji quan et la méditation. Chen Yanlin, maître de Taiji quan qui vécut au début de ce siècle, a écrit (110) : « Quand on a pratiqué la méditation jusqu'à un certain niveau, il faut alors rechercher en soi-même la mobilité au sein de l'immobilité. Il ne s'agit pas de rester toujours immobile sans mobilité. L'idée ici est analogue à celle de la recherche de 1'immobilité dans la mobilité du Taiji quan. C'est pourquoi, quand on s'est exercé au Taiji quan jusqu'à un certain niveau, il faut aussi rechercher en soi-même la mobilité au sein de l'immobilité. »
... Un certain nombre de maîtres préconisent donc la pratique de la méditation en plus du Taiji quan dans la recherche de ce calme intérieur, qui est une des conditions nécessaires pour avancer dans la pratique du Taiji quan. Il existe plusieurs méthodes de méditation. La plus simple consiste à rester immobile dans une position assise ou couché sur le côté et à calmer l'esprit par une attention contemplative. Nous avons vu l'été 80 deux personnes assises en méditation au petit matin dans un parc de Shanghai, entre deux arbres, tandis que des centaines d'autres se livraient à des exercices d'arts martiaux aux alentours. Une méthode plus complexe fait usage de la pensée créatrice pour visualiser, durant l'assise immobile, des trajets d'énergie, des lieux du corps ou des divinités en certaines parties du corps, jusqu'à l'installation du calme intérieur. Lorsqu'il est obtenu, l'adepte s'efforce alors de dépasser la dualité mobilité-immobilité et, pour ce faire, de rechercher la mobilité dans l'immobilité et l'immobilité dans la mobilité. ”
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... (110) Dans Taiji quan dao jian gun sanshou daquan de Chen Yanlin j. I, p.6 (ou p. 23 selon la numérotation occidentale).

Taiji quan : art martial, technique de longue vie - Catherine Despeux
pages 63-64-73-74-75


... LE TAIJI QUAN ART MARTIAL

... “ L'observateur occidental qui assiste au déroulement du Taiji quan a peine à croire qu'il s'agit là d'un art martial, la même réaction pouvant être le fait des jeunes Chinois qui se rient de cette gymnastique et lui préfèrent des sports plus combatifs et aussi plus agressifs. Pourtant, les anciens maîtres considèrent le combat comme la fonction première du Taiji quan, et certains de plus en plus rares, y témoignent de capacités impressionnantes. Il faut noter aussi que l'aspect martial est plus évident dans l'école Chen, qui n'a pas poussé à l'extrême la notion de souplesse et la lenteur et a conservé une exécution plus martiale et plus sèche du mouvement. D'un point de vue tant historique que pratique, le Taiji quan participe de la tradition chinoise de la stratégie et de l'art du combat (111). Il faut d'ailleurs préciser que la notion de combat en Chine ne se réduit pas à l'idée de lutte contre un adversaire réel, mais englobe aussi bien les combats contre... les tendances profondes, contre tout obstacle rencontré dans son existence.
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... (111) Plusieurs passages du Daode jing traitent de stratégie et l’on peut se demander si ce n'était pas à l'origine un des aspects majeurs de cet ouvrage. Un commentaire a été écrit dans ce sens, « I'Exposé des principes stratégiques du livre de la Voie et de la vertu » (Daode jing lun bingyao yishu) en 4 juan. Ce texte est inséré dans le Canon taoïste (TT. 417, N° 713).

... S'il est vrai donc, que l'exécution de mouvements d'une lenteur extrême, sans l'usage de la force, peut paraître constituer un curieux entraînement au combat, il ne faut pas oublier que cet enchaînement n'est que la première étape, le travail préliminaire. La préparation au combat se fait plus particulièrement à partir d'exercices à deux appelés “ poussée des mains ” (tui shou), “ grand déplacement ” (da lü), “ dispersion des mains ” (san shou), et à partir d'exercices libres.
... La détente et le travail du souffle effectués lors de l'enchaînement vont permettre le développement d'une force intérieure et illimitée appelée jing, que les maîtres de Taiji quan opposent à la force musculaire considérée comme bien inférieure et limitée. Le jing va être affiné lors des exercices à deux par un travail du souffle, un développement des sensations et des perceptions, une étude psychologique de soi-même, de la stratégie et de la concentration de l'esprit.

... 1. LA FORCE INTÉRIEURE

... Le terme jing était employé dans les textes anciens bien qu'assez rarement avec le sens de force. A l'heure actuelle, il désigne dans le langage courant le ressort d'un individu, sa vitalité, son dynamisme, en mettant l'accent sur l'intériorité de cette force, qui précède la forme musculaire et lui préside, et qui est liée à l'attitude psychologique d'un individu. C'est aussi le sens qu'a ce terme dans le Taiji quan.
... Les maîtres définissent le jing comme la manifestation du “ souffle véritable ” sous sa forme dynamique. Ils établissent donc une distinction entre le souffle, élément circulant dans le corps, et la force issue de ce souffle. Mais cette distinction semble assez superficielle, car les textes utilisent parfois le terme de souffle là où l'on attendrait celui de force intérieure et vice versa. C'est vraisemblablement pour se distinguer de l'école exotérique que les maîtres de l'école ésotérique se sont servis du mot jing et l'ont érigé en un nouveau concept.
... Le jing est aussi défini comme le “ souffle central qui part du cœur ” (Chenjia Taiji quan, p. 285). Chen Fake définit la force intérieure du sinciput comme “ le souffle central du cœur au point Baihui (sinciput) ”. Le souffle central part du cœur, passe dans les vertèbres cervicales, parvient au point Baihui, les artères de souffle sont débloquées et la force intérieure se répartit dans les quatre membres. Le jing ne peut en effet apparaître que si le souffle circule sans aucune gène dans toutes les parties du corps, d'où la nécessité d'un entraînement intensif à l'enchaînement individuel, avec lenteur et souplesse...”

Taiji quan : art martial, technique de longue vie - Catherine Despeux
pages 77,78


en résumé

... 1.... Il apparaît important de préciser que “ la notion de combat en Chine ne se réduit pas à l'idée de lutte contre un adversaire réel, mais englobe aussi bien les combats contre... les tendances profondes, contre tout obstacle rencontré dans son existence ” (C.D. p.77, §1, l.13). L’étude des arts de combat est donc un moyen d’améliorer la communication.
... Ce premier point est commun à l’externe et à l’interne.

... 2.... Si dans le travail externe on peut retrouver dans certains styles les notions de souplesse, lenteur et relâchement musculaire, elles ne sont que très rarement associés. Tandis qu’en interne elles constituent la base indissociable du travail préliminaire, dont le “grand enchaînement” est l’exercice essentiel.
... L'exécution de mouvements d'une lenteur extrême étant surtout l’apanage de l’école Yang et du courant de Yang Chenfu en particulier.
... Cet enchaînement est la première étape, incontournable, de l’étude de l’interne. Son travail vise à libérer la circulation du Qi dans le corps, en mettant l’accent sur l’intention qui précède l’action (musculaire chez le débutant). Intention qui, dans un second temps, donnera la sensation “d’envoyer du Qi” (c’est la naissance du Jing) et de ne plus agir musculairement. J’insiste, c’est par un entraînement intensif à l'enchaînement individuel dans la détente et le travail du Qi, que l’on parviendra à développer cette “ force intérieure ” : le Jing ( qui ici ne désigne pas la simple “essence”).
... “ Le jing va être affiné lors des exercices à deux par un travail du souffle, un développement des sensations et des perceptions, une étude psychologique de soi-même, de la stratégie et de la concentration de l'esprit ” (C.D. P.78, §2, l.4).
... Ces exercices à deux codifiés visant à développer le Qi dans la relation au partenaire, déboucheront plus tard seulement sur des exercices libres.

... 3.... C’est l’orientation dès le début de l’étude de l’art interne vers l’utilisation du Jing, qui va différencier l’interne de l’externe. Ce refus de l'usage de la force musculaire (considérée comme bien inférieure et limitée) caractérise l’interne. Ce qui ne veut pas dire qu’à un stade avancé le pratiquant d’externe ne va pas pouvoir utiliser le Jing. Et fait, au stade final le pratiquant d’externe souple et le pratiquant d’interne auront peut-être la même maîtrise du Jing. Pour l’un c’est une conséquence possible de son travail, pour l’autre c’est une priorité.

... 4.... Il faut différencier les écoles internes intégrales, de celles qui ont recours à la pratique externe au début de l’étude de l’art (notamment pour les jeunes élèves, dont la vitalité les rend plus réceptif à l’externe).

... 5.... Si la réalisation de soi est une recherche commune à l’interne et l’externe ; et si la libre circulation du Qi est recherchée dans les deux écoles ; l’interne, contrairement à l’externe, va ériger des principes de base accès non seulement sur la libération du Qi, mais aussi sur son utilisation.
... “ Les dix principes essentiels du Taiji quan, dictés par Yang Chengfu, écrits par Chen Weiming” en sont le vivant exemple :

... 1) Être vide et agile et maintenir l’énergie au sinciput.
... 2) Rentrer légèrement la poitrine et étirer le dos.
... 3) Relacher la taille.
... 4) Distinguer le “plein” et le “vide”.
... 5) Baisser les épaules et laisser tomber les coudes.
... 6) Employer la pensée créatrice et non la force musculaire.
... 7) Relier le haut et le bas.
... 8) Unir l’intérieur et l’extérieur.
... 9) Lier les mouvements sans interruption.
... 10) Rechercher le calme au sein du mouvement.
ou
... 1) Vider la nuque et maintenir l’énergie au sinciput.
... 2) Rentrer légèrement la poitrine et étirer le dos.
... 3) Relâcher les épaules et laisser tomber les coudes.
... 4) Concentrer le souffle dans le champ de cinabre.
... 5) Maintenir le coccyx dans l’axe.

... 6.... A leur création les deux courants avaient une orientation spirituelle. Ils accordaient tout deux, une grande importance à la circulation du Qi tant au niveau prophylactique (protection contre les maladies) qu’au niveau spirituel. Seul l’interne privilégiait l’utilisation du Qi dès le début de la pratique martiale. Ce qui explique les différences, dans les positions du corps, des deux courants.

... 7.... Catherine Despeux classe ces deux courants en école exotérique (waijia) et école ésotérique (neijia) (tjq, p.13, §2, l.1).
... Le Petit Littré en donne pour définition :
... Exotérique - Extérieur, public. Se dit de la doctrine que les philosophes anciens professaient en public, par opposition à leur doctrine secrète ou ésotérique.
... Ésotérique - Doctrine ésotérique, doctrine secrète que certains philosophes de l’antiquité ne communiquaient qu’à un petit nombre de leurs disciples ; il se dit par opposition à exotérique.
... Catherine Despeux nous dit : “ Ces deux écoles sont rattachées à deux centres religieux célèbres de Chine : le temple Shaolin (école exotérique), grand centre du bouddhisme chan (Zen) et le mont Wudang (école ésotérique), grand centre taoïste ” (tjq, p.13, §2, l.6).
... Il apparaît donc que la distinction initiale soit dû aux orientations philosophiques des deux courants. Le Bouddhisme est une religion ouverte vers l’extérieur et tendant à propager la bonne parole. Le Taoïsme est une philosophie intimiste, “vivons heureux , vivons caché”. Je ne fait pas référence bien sûr au taoïsme religieux.
... Quand on sait que bon nombre d’écoles ont adoptées un syncrétisme religieux, associant Bouddhisme et Taoïsme, on voit que la frontière entre interne et externe n’est pas aussi clairement définit qu’il n’y paraît. D’autant plus qu’à sa création le Bouddhisme Chan a intégré des éléments du Taoïsme.

... 8.... “L’école exotérique (waijia) comprend la plupart des techniques de combat assez violentes, du genre de ce qu'on appelle en France le gongfu. Mais la plus prestigieuse d'entre elles reste la Boxe du Shaolin (Shaolin quan)” (C.D. p.14, §2, l.1).
... C'est dans l’école ésotérique (neijia) que l'on classe généralement le Taiji quan, le Bagua zhang et le Xingyi quan (C.D. p.13, §2, l.3).

... 9.... Il y a eu une influence des techniques corporelles indiennes, dans l’école exotérique. Alors que l’école ésotérique reste fidèle aux techniques corporelles chinoise et notamment à la courbure lombaire anthropoïde (si chère aux énergéticiens chinois, qui accorde une grande importance au symbolisme animal).

... 10.... Ce n’est pas au niveau purement technique que les mouvements diffèrent entre les arts internes et les arts externes. Mais plutôt dans la façon de les exécuter. Car elles appartiennent toutes deux “ au fonds commun des techniques de combat millénaires en Chine ”. De plus on peut retrouver des similitudes avec certaines techniques pratiquées dans d’autre pays, car des pratiquants d’arts martiaux de haut niveau et du même style (style accès sur les immobilisations, ou/et les projections, ou/et les percutions) arrivent souvent à la même conclusion martiale, le corps n’est pas différent d’un pays à l’autre ; la différence réside dans la façon d’exécuter la technique.

... 11.... On peut reprocher à l’externe de faire un emploi excessif de la force musculaire, entraînant une perte “d'énergie originelle”, du moins dans les débuts de la pratique. Si les Qi-Gong utilisés au début sont accès sur le « travail extérieur » (waigong), par la suite le « travail intérieur » (neigong) n’est pas négligé. Contrairement à l’interne, qui imprégné par la philosophie Taoïste va chercher dès le début de l’enseignement à préserver “l'énergie originelle”.

... 12.... Il serait caricatural de dire que l’externe emploie dans le combat une force d’opposition, tandis que l’interne utilise la force de l’adversaire. Et par là même, les uns emploient le terme d’adversaire, les autres le termes de partenaire ; pour bien montrer que dans un cas il y a lutte, dans l’autre cas “non-lutte”. En fait dans la pratique des arts martiaux, le débutant va échanger dans le combat un grand nombre de techniques, tandis que l’expert va conclure sitôt commencé.
... Il ne faut pas oublier que l’externe comprend un très grand nombre d’écoles et de styles différents. Il y a des écoles et des styles très proches de l’interne et inversement. On peut même dire que certains enseignants d’interne, se sont éloignés de l’interne et parfois même n’on eu qu’une approche externe de l’interne. Tant et si bien que leur enseignement pourrait être qualifié de gymnastique externe.

... 13.... Le « travail intérieur » (neigong) est intimement lié à l’interne, si intimement qu’une tradition ferait remonter “le Taiji quan à Li Daozi qui pratiquait une méthode appelée Xiantian quan (technique du ciel antérieur). L'expression “ ciel antérieur ” désigne ce qui précède la création, ce qui est inné, par opposition à “ciel postérieur”, ce qui est après la création, ce qui est acquis. Li Daozi vécut sous les Tang (618-905)” (C.D. p.21-22). I1 résida sur le mont Wudang, tout comme le fondateur de l’interne Zhang Sanfeng (XIIe siècle) créateur présumé des “ Treize postures du Taiji ”.
... C’est de ce courant Taoïste du Mont Wudang que viennent les exercices psychophysiologiques “ d’alchimie intérieure ” (neidan) des arts martiaux internes (voir tjq, C.D. pages 63 à 75).
... Nous pourrions dire que les arts martiaux internes sont dans leurs premières années d’étude uniquement un exercice de Qi-Gong accès sur l’alchimie intérieure. Arrivé à un certain niveau de maîtrise ce travail continue, mais on lui adjoint le travail martial avec partenaire.

... 14.... Les Qi-Gong interne et externe diffèrent au début de la pratique. Pour la centration de l’énergie dans le champ de cinabre inférieur par exemple, en interne on va utiliser la pensée, en externe on utilisera des exercices physiques. La respiration elle-même est différente, les bouddhistes effectuent une respiration dite naturelle, les taoïstes une respiration inversée.
... On peut dire que les taoïstes ont une approche directe de l’interne, et les bouddhiste une approche indirecte ; mais le but est le même. La centration est une conséquence du travail physique en externe, elle est directement rechercher par la concentration de la pensée en interne.

... 15.... Selon Zhang Sanfeng : “Tout réside dans l’emploi de la pensée au lieu de la force” et Yang Cheng-Fu de rajouter : “Grâce à un long entraînement (dans la pratique du grand enchaînement), l’on acquiert la véritable énergie intérieure... Quand on emploie la force musculaire à la place de la pensée créatrice, l’adversaire peut très facilement vous inciter à vous mouvoir, cela ne mérite pas notre estime.” (C.D. pages 111-112) ... retour à l'index